Anna G. Montague

Le ciel était bleu, aucun nuage ne venait troubler sa monotonie, ni sa beauté naturelle. Malheureusement, Anna ne s'intéressait pas, ou plutôt elle n'avait pas la tête à la contemplation de cette merveille qui était rare en Angleterre. Elle écoutait parler sa soeur d'une oreille tandis qu'elle essayait d'oublier la présence de Pansy - sa mère - derrière elle, à quelques mètres seulement. Elle avait pourtant affirmer à ses parents qu'elle était assez âgée et mature pour accompagner Aria sur le Chemin de Traverse. Bien que son père fut de son avis, Pansy, quant à elle, avait sauté sur l'occasion pour l'accompagner. La vie de ses filles ne l'intéressait pas le moins du monde mais elle voyait, par ce biais, l'opportunité de se balader et de se montrer à tous avec sa fourure autour du cou - alors qu'il faisait une chaleur du tonnerre - et avec tous les bijoux de famille qui devaient coûter cher mais qui était d'une laideur insupportable.

"Tu crois que j'irai dans quelle maison ?" la sortit de ses pensées Aria.

Sa petite soeur venait de recevoir sa lettre pour Poudlard ce qui était une véritable libération pour Aria qui n'en pouvait plus de rester toute seule chez leurs parents. Mais elle stressait beaucoup. Elle ne voulait pas décevoir leur parent et principalement leur père en n'allant pas à Serpentard comme ça avait été le cas pour Anna. Mais elle ne voulait pas aller dans cette maison juste pour faire plaisir. Anna lui avait conseillé plusieurs fois de ne pas aller chercher trop loin, de ne pas penser quand le Choixpeau serait sur sa tête et de le laisser choisir tout seul selon sa vraie personnalité ce qu'elle n'avait pas fait.

"Toutes les maisons seraient très chanceuses de t'avoir, Aria !"

Au fond d'elle, après quatre ans passé à Poudlard, Anna ne voyait pas sa soeur chez les Serdaigles, elle n'avait pas assez la tête sur les épaules et aimait trop s'amuser. Anna n'aurait par contre pas pu choisir entre les trois autres maisons mais elle espérait qu'Aira serait chez les Poufsouffles comme elle, ainsi elles se verraient plus souvent. Elle entoura les épaules de sa petite soeur et vit qu'elles étaient arriver chez Ollivander. C'était ici qu'Anna avait acheté sa propre baguette. Elle s'en souvenait comme si c'était hier...

La petite Anna était accompagnée de toute sa famille. Graham Montague portait Aria dans ses bras et tenait la main d'Anna. Pansy Montague était juste à côté de son mari. Si un étranger qui ne les connaissait pas, le avait vu à cet instant, il aurait tout de suite pensé qu'ils formaient une fabuleuse famille ce qui n'était pas du tout le cas. Aria avait dû mettre les chaussures neuves que Pansy lui avait acheté mais qui étaient trop petites et c'était parce qu'elle ne pouvait pas marcher avec que son père la portait. Anna avait les larmes aux yeux parce que Pansy venait de lui refuser de lui acheter des friandises parce que selon sa mère, elle était déjà trop grosse comme ça. C'était donc un samedi comme les autres chez la famille Montague. Quand Anna entra dans la boutique suivi seulement de son père et sa sœur. Elle souffla de soulagement quand elle se rendit compte que Pansy était partie rejoindre des amis à elle et ils ne la verraient plus avant quelques heures avec un peu de chance.

"Bonjour monsieur !" dit-elle pour prévenir le propriétaire de leur arrivée tout en s'arrêtant devant le comptoir.

12/10/1982

Damon avait fini quelques mois auparavant son apprentissage avec son oncle. Même s'il était très heureux que son oncle lui fasse assez confiance pour le laisser piloter la boutique tout seul, Damon n'était pas très rassuré. Il avait peur de se tromper et d'être ridicule auprès de la clientèle. Il savait pertinemment qu'une mauvaise presse se répandait beaucoup plus vite qu'une bonne et il ne voulait pas ruiner la réputation que son oncle avait mis si longtemps à bâtir. D'ailleurs de nouveaux clients venaient d'entrer. Il posa ses outils et se dépêcha de rejoindre sa boutique. Se tenaient devant lui un homme avec deux jeunes et jolies filles. Il leur sourit et les salua :

"Bonjour et bienvenue dans le royaume des baguettes ! Que puis-je faire pour vous ?"

Il posa son regard sur la plus âgée des filles qui se tenait juste à un mètre du comptoir. Elle était très jolie certes mais cette beauté cachait autre chose. Aux larmes qu'il voyait dans ses yeux, il pouvait facilement dire qu'elle n'était pas très heureuse et cela se ressentait chez l'autre petite fille. Le père, bien que fier et droit, semblait lui aussi blessé.

*Quelle drôle de famille !* pensa-t-il.

Il leur sourit comme pour les réconforter et attendit la réponse même s'il savait très bien qu'ils désiraient une baguette pour la première rentrée de la plus grande.

Dès qu'elle aperçut le vendeur arriver vers eux, Anna fut impressionnée. Il était grand avec les cheveux noirs, une petite barbe. Il avait un air assez sombre qui aurait pu faire peur à la fillette mais qui lui rappelait certains amis de ses parents. Et au fond, elle voyait bien dans ses yeux qu'il n'était pas méchant. Timidement, elle répondit à son sourire pendant que son père expliquait d'une voix claire et sèche :

"Ma fille a besoin d'une baguette pour sa première année à Poudlard. Nous voulons ce qu'il y a de mieux."

Anna ressentit tout d'un coup beaucoup de pression. Elle ne savait pas ce qu'elle allait devoir faire pour obtenir une baguette mais elle espérait être à la hauteur. Elle ne voulait pas décevoir son père et encore moins le mettre en colère sinon elle et Aria passeraient une très mauvaise soirée voire une mauvaise semaine. Elle retint un sanglot.

12/10/1982

Damon resta interdit pendant quelques secondes suite à la remarque de son nouveau client. Il voulait le meilleur mais toutes les baguettes qui se trouvaient dans cette boutique était de la même qualité, il serait donc difficile pour Damon d'exaucer le voeu de l'homme.

"Ce que je peux faire pour vous, c'est trouver celle qui convient à votre fille !" répondit simplement Damon, toujours en souriant.

Le vendeur s'était rendu compte depuis un moment déjà qu'il était plus facile pour lui de trouver une baguette pour les jeunes sorciers qui entraient à Poudlard. Ils étaient plus ouverts, naïfs et honnêtes que les autres. Il pouvait donc les sonder plus facilement. Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour découvrir de la fillette. Il se détourna pour aller chercher un écrin qui était à quelques rangées de la boutique puis l'apporta aux clients après l'avoir ouvert.

Anna sentit dans son dos, son père se crisper un peu. Il aimait être le meilleur en tout et par conséquent avoir ce qu'il se fait de mieux. Au fond, Anna était comme lui pour ce qui était de vouloir être la meilleure. Elle avait été élevée comme ça après tout, elle ne pouvait pas aller contre toute son éducation et encore moins quand elle considérait que c'était bien. A un détail près, contrairement à ses parents, Anna n'était pas prête à écraser toute personne qui se mettrait sur son chemin. Quand le vendeur lui tendit l'écrin, ses mains se mirent un peu à trembler même si elle ne comprenait pas réellement pourquoi elle avait peur d'une baguette magique.

"Prends-la!" la pressa son père.

Elle déglutit difficilement et attrapa le bâton sculpté. Elle avait à peine touché la baguette qu'un petit éclair jaune sortit et alla frapper une vieille horloge qui se trouvait au dessus du comptoir. Tout en rougissant de honte, elle bredouilla :

"Désolée!"

12/10/1982

Damon rit légèrement par la réaction de la baguette au contact de la fillette. Il s'était trompé, ce n'était pas de la vigne qu'il lui fallait mais du tremble. Qu'il avait été bête ! Il avait cru que le fait que ce soit une première année à Poudlard, tout ceci serait facile mais ce n'était finalement pas le cas et ça lui plaisait.

"Pas de souci ! C'est ma faute, je t'ai donné la mauvaise baguette." déclara-t-il en reprenant la baguette.

Il laissa l'écrin sur le comptoir et tendit seulement le bras pour attraper la baguette qui pour lui, était cette fois la bonne. Enfin en tout cas, il l'espérait fortement. Il lui donna délicatement.

Anna n'était pas exceptionnellement grande pour son âge mais après avoir détruit l'horloge de ce pauvre vendeur, elle tenta de se faire encore plus petite en se recroquevillant sur elle-même, la tête baissée. Elle avait honte. Elle voulait faire bonne impression, surtout auprès de son père et c'était loupé. Elle renifla au moment où elle sentit une petite tape sur sa frêle épaule. Elle tourna la tête en arrière pour regarder son père qui était à l'origine de cette tape et il lui fit un signe de tête vers le vendeur. Elle se remit dans le sens de la marche et se retrouva nez-à-nez avec une belle baguette dont le bois était le plus clair qu'elle ait eu l'occasion de voir. Cela lui plut aussitôt. Elle sourit malgré elle et prit la baguette qui se mit à gigoter dans sa main avant de laisser s'échapper un nuage blanc de la forme d'un... Cadenas. Elle fronça les sourcils sous l'incompréhension.

"Qu'est-ce que... Qu'est-ce que ça veut dire?" demanda-t-elle curieuse.

12/10/1982

C'était bien du tremble qu'il lui fallait. Comment ne l'avait-il pas vu tout de suite ? C'était pourtant évident que cette fillette cherchait seulement une alliée, une amie à travers sa baguette et le tremble était idéal pour ça. Il lui sourit et répondit à sa question :

"Les baguettes ont leur propre façon d'indiquer qu'elles ont choisi leur sorcier. Je pense que le cadenas signifie que... Vous êtes indissociables l'une de l'autre à partir de maintenant !"

Damon avait fait beaucoup de progrès dans la fabrication de baguettes ainsi que dans la découverte de la baguette idéale pour chacun de ses clients mais il était toujours aussi mauvais dans les explications. Il secoua la tête et lui dit :

"Cette baguette est faite en bois de tremble, elle te sera donc fidèle jusqu'au bout. Elle a un coeur composé d'un cheveu de Vélane. Elle fait 28 centimètres et elle est plutôt élastique. Et elle est faite pour toi seule."

Anna avait écouté le vendeur avec une telle concentration qu'elle fut surprise quand le silence s'imposa autour d'elle. Elle baissa les yeux sur sa nouvelle baguette qui se révélait être une loyale. Ça tombait bien, elle avait besoin de compter sur elle, n'ayant pas grand chose auquel se rattraper en cas de problème. Elle sourit en tournant sa baguette dans les airs. Le nuage blanc se fit moins épais mais continuait de faire des formes en tout genre. Elle entendit son père sortir des pièces de son porte-monnaie ce qui lui rappela qu'elle ne pouvait pas garder sa baguette à la main. Elle la rangea donc dans l'écrin que le vendeur avait laissé sur le comptoir puis le prit avec elle. Elle suivit son père vers la sortie. Elle allait passer la porte quand elle se retourna au dernier moment pour dire une dernière chose au vendeur, les yeux brillants :

"Merci beaucoup, monsieur!"

Anna revint à la réalité lorsqu'on lui donna un coup dans son épaule gauche. Elle se retourna et vit sa mère, un grand sourire aux lèvres. Elle la tapait et en était heureuse. Avec cette bonne femme, Anna n'essayait plus de chercher une explication à ces moindres gestes. Ils étaient tous dictés par la méchanceté ou l'arrivisme. Elle leva les yeux et chuchota à Aria :

"Tu vas être une grande sorcière, pas comme elle !"

Elle sourit et accompagna sa soeur à l'intérieur de la boutique.

» Anna G. Montague