"S'il y a un problème il y a une solution. S'il n'y a pas de solutions c'est qu'il n'y a pas de problème."

15 Janvier 2000

Nissrine rentra à contre-coeur dans la salle d'études surveillée. Le travail scolaire ayant toujours été le dernier de ses soucis elle n'avait pas réellement envie de s'enfermer ici dès le premier jour. Mais sa précédente année ratée de lui laissait pas le choix et la préparation aux examens finaux n'avait pas attendu que l'année démarre vraiment pour la surcharger de devoirs. Son frère jumeau la suivait de près essayant du mieux qu'il pouvait de la motiver à travailler.

La brune posa son sac en toile sur une table et tira un peu brusquement la chaise qui se trouvait en face ; faisant fi des élèves présents. Elle sortit ses manuels de Défense Contre les Forces du Mal. Le cours étant encore tout frais dans sa tête, le bout de sa plume se mit à courir sur son parchemin auparavant vierge.

La première journée de cours avait été pour moi encore plus dur que ce que je ne le croyai. Les cours étaient sensiblement les mêmes qu'à Beauxbâtons, en revanche la méthode d'enseignement s'en éloignait totalement. D'autant plus qu'ici, les professeurs parlaient à une vitesse affolante, à tel point qu'à chaque cours, j'avais décroché à plus ou moins deux minutes après le commencement. Je ne comprenais strictement rien, et de toute manière, le corps enseignant n'allait pas s'attarder sur mon cas au détriment des autres. Il aurait fallu que je mette les bouchées doubles, dès la rentrée, mais je n'en avais pas la moindre envie. D'autant plus qu'en Défense Contre les Forces du Mal, ils avaient déjà un devoir à rendre pour la semaine d'après. Heureusement que j'étais redescendue sur terre pour comprendre ça, sinon j'aurais été dans un sacré pétrin !

Dans le couloir, j'étais tiraillée entre deux choix : Aller me réfugier dans mon dortoir et attendre que la soirée passe, ou aller en salle d'étude afin de revoir mon cours que je n'avais absolument ni écouté, ni compris. Si encore ça parlait un peu de sortilège… Mais c'était une histoire de créature dont je n'avais même pas compris le nom.

J'optais donc pour la seconde option. Autant essayer de comprendre ça, même si mon cerveau n'était absolument pas disponible pour ça.

Je quittais donc le second étage, priant ne pas me tromper et bien atterrir au sixième, à la salle d'étude. Tête basse, je parcouru les quatre étages qui me séparait, non sans fierté d'avoir su retrouver mon chemin sans demander d’aide. Heureusement que l'on m'avait fourni un plan lors de mon arrivée…

Je poussais la porte en bois, débouchant sur une petite salle pas bien grande, avec quelques pupitres… Et quelques élèves déjà en train de potasser. Une Poufsouffle et un Serdaigle, qui me rappelaient étrangement quelque chose, et trois autres bleus et gris si petits qu'ils devaient certainement être en première année.

Je m'assis au fond de la pièce discrètement, avant de sortir le manuel que notre professeur nous avait conseillé de regarder. Il y avait quelques schéma explicatifs, mais avec des mots qui ne ressemblaient à rien de ce que j'avais pu apprendre jusqu'à présent. Ça avait l'air de traiter des créatures de l'eau en général, mais je ne savais même pas si c'était désigné à une région du monde en particulier, un sortilège pour apprendre à s'en débarrasser…

Peu convaincue, je sortis tout de même un parchemin et une plume, restant pantois devant mon pupitre, avant d'enfouir ma tête dans mes mains. Comment étais-ce possible, moi qui avait de bonnes notes, de rien comprendre à ce cours, de DCFM qui plus est ?!

De rage, je refermais mon manuel, tournant la tête. L'étude surveillée était exceptionnellement désertée de toute personne habilitée à la sanction, alors autant en profiter.
La Poufsouffle. Ça me revenait. Je l'avais vue rapidement, elle était de la même année que moi. Elle allait pouvoir m'aider. D'autant plus que c'était le même manuel que le mien qui était posée sur sa table.

Tirant ma chaise, je m'approcha d'elle, m'asseyant brusquement à côté.

« Salut, dis, tu peux m'aider ? J'y comprends rien. » Lui dis-je en désignant son manuel d'un coup de menton, la colère accentuant mon accent Français, avant de la regarder droit dans les yeux. Je ne connaissais pas son prénom, et elle devait certainement ignorer le mien, mais pour l'instant, je n'avais pas le cœur aux présentations formelles.

15 Janvier 2000

Heureusement pour moi, la Défense Contre les Forces du Mal était ma matière préférée. Et bien qu'ayant certaines difficultés je réussis sans trop de mal à remplir la première moitié de mon parchemin. Le devoir portait sur les Selkies, ces petites créatures de l'eau à peau de phoque.

Je commençais a regretter d'avoir si peu suivi mes trois premières année ; j'aurais surement pu apprendre plein de choses passionnantes ! Mais bon le passé reste derrière, je suis bien décidée a y remédier au moins dans cette matière.

Je fis une pause dans mon devoir pour me donner le temps de relire et de rayer les fautes d'orthographe que j'aurais pu commettre.

Derrière, la Serpentard qui était rentrée quelques minutes après moi claqua rageusement son manuel. Il n'y avait que peu de sorciers dans l'étude, mais ce n'était pas une raison pour faire autant de bruit ! Elle sentit qu'elle bougeait et cru qu'elle s'en allait déjà. Mais une chaise posée brusquement à ses côtés la tira brusquement de ses réflexions.
Je lui lançais un regard mauvais.

« Salut, dis, tu peux m'aider ? J'y comprends rien. » me demanda-t-elle dans un mauvais anglais d'où perçait son accent français.

La compagnie des autres étant le dernier de mes soucis, l'agressivité que j'essayais de masquer depuis presque un an reprit le dessus face à la jeune fille qui venait de me déranger bruyamment.

«T'as qu'à demander à mon frère il est bien plus doué que moi.» lui répondis-je un peu sèchement.

Sans même la regarder je désignais d'un mouvement de tête Ali qui était assis juste à côté de moi. Lui avait déjà remplit les trois-quarts du parchemin.

Si je ne m'attendais bien pas du tout à quelque chose, c'était bien de me prendre dans la figure une réponse tout aussi agressive que ma question, ce qui me calma instantanément, laissant place à quelque chose de plus… Dubitatif.

L'avais-je tant énervée que ça ? Où avais-je dit quelque chose de désagréable sans le savoir ? Allez savoir. En tout cas, le regard qu'elle m'avait lancé était tout aussi noir que le miens, ce qui me vallu presque l'interrogation de « est ce qu'il vaut mieux la laisser tranquille, ou la brosser dans le sens du poil pour obtenir mes réponses. »
Trop frustrée par son comportement, je décidais de juste m'excuser… Soupirant et levant les yeux au ciel.

« Oh je te prie de m'excuser ! »

Sans bouger d'un pouce, je regardais son frère, un poil radoucie. Si je voulais obtenir de l'aide, il vallait mieux faire preuve d'un peu plus de sociabilité. On obtenait rien avec de la colère et de la force. Il n'y avait qu'à voir la cause de la guerre ces temps derniers.

« Est ce que tu pourrais juste m'expliquer la consigne, s'il te plaît ? » Lui demandais-je d'une voix presque mielleuse, au Serdaigle assis à côté de cette fille.

Cette fille… Plus je la regardais, plus elle me disais quelque chose. Le teint mat, les cheveux raides… Et une histoire un peu particulière semblerait t'il, car certains professeurs avaient écorché son prénom, alors qu'elle était en quatrième année.

« Attends, tu serais pas Nissrine, par hasard ? » Lui demandais-je, calme comme si il ne s'était rien passé juste avant. C'était parfaitement immonde de ma part, mais j'avais vraiment besoin d'aide si je ne voulais pas partir sur de mauvaises bases cette année. Et puis, qui sait ? Si ça se trouve, cette Nissrine n'est pas aussi froide qu'elle en a l'air.

15 Janvier 2000

La Serpentard sembla choquée de ma réponse. Mais j'avais l'habitude que les gens me regardent de travers. Dans ses yeux, je vis tous les sentiments négatifs existants. Colère. Tristesse. Étonnement. Frustration. Exaspération.

Après quelques secondes de silence elle ouvrit finalement la bouche.
« Oh je te prie de m'excuser ! » furent les mots qu'elle prononça.

Étonnée qu'elle s'excuse alors que j'avais fais preuve d'une mauvaise fois atroce j'étais décidée à me dérider un peu, au moins pour lui expliquer la consigne parce qu'elle avait quand même vraiment l'air complètement perdu. Mais avant que je puisse amorcer un quelconque geste vers elle, sont regard s'attardait déjà sur mon frère. Grand, peau matte, yeux gris, cheveux noirs mi-long.
« Est ce que tu pourrais juste m'expliquer la consigne, s'il te plaît ? » lui demanda-t-elle d'une voix douce
*Toutes les mêmes ces filles* pensais-je avec amertume.

Je repris mon stylo et me mit à écrire. Mais à peine une ligne plus tard j'entendis de nouveau une voix à coté de moi. Et cette voix c'était toujours celle de la sorcière en vert.
« Attends, tu serais pas Nissrine, par hasard ? »

Décidément, cette fille était la reine des questions.

Je décidais de la regarder attentivement ... Son visage me disait effectivement quelque chose mais je n'avais pas la moindre idée de la façon dont elle connaissait mon prénom.
"Oui c'est bien moi pourquoi?" demandais-je perplexe.

Je mis un bouchon sur mon encrier pour lui montrer que je l'écoutais.

Je me fis dévisager de la part de la Poufsouffle comme jamais je ne l'avais été. De haut en bas, sondant presque mon âme. C'était à la fois étrange et désagréable. Je ne baissais pas les yeux pour autant.

"Non, pour rien." Répondis-je, un peu sèche... Avant de me reprendre tout de suite. Les gens, il fallait se les mettre dans la poche, pas s'en faire des ennemis dès le début. Ce n'était pas facile, mais ça allait sûrement pouvoir se faire.

"En vrai, je viens de réfléchir qu'en Défense Contre les Forces du Mal, nous sommes dans la même classe, c'est tout." L'informais-je, sans lui donner mon prénom en retour. Non pas par ce que je ne voulais pas, ou que je n'y avait pas pensé, mais plus par ce que je n'avais pas envie qu'elle l'écorche, comme l'avait fait à peu près tous les professeurs aujourd'hui.

Je baissais de nouveau les yeux sur mon livre : Il était toujours ouvert à la même page, et mon parchemin était toujours aussi vierge. Il fallait que je fasse vite, si je voulais obtenir mes réponses avant le retour du surveillant.

"Du coup, vous pouvez me donner un coup de main ?" Redemandais-je, poussant le manuel vers eux.

"Attends, je termine ma phrase et je t'explique..." Dis le Serdaigle, comme si il venait de remarquer ma présence, sortant tout à coup de son parchemin.

Les premières années un peu plus loin avaient eux aussi commencés à discuter entre eux, le ton montait. Je croisais les doigts pour que le surveillant ne rapplique pas tout de suite.

15 Janvier 2000

La réaction de la jeune fille devant moi ne se fit pas vraiment attendre, et elle fut assez sèche comme n'importe qui aurait pu s'en douter.

J'étais partie dans l'idée que la solitude faisait partie de moi mais maintenant que j'étais entourée en permanence de sorciers de mon âge, je sentais fléchir ma résolution. Mais en même temps nouer des liens avec les gens me faisait peur. Vraiment peur ...

Quand la Serpentard m'apprit que nous étions dans le même cours de DCFM j'entrevis une occasion de ne pas paraitre aussi aimable qu'une porte de prison et je m’efforçai à répondre avec le sourire mais elle enchaina directement sur autre chose. Décidément elle devait vraiment avoir du mal avec cette matière!

Et mon gentleman de frère, qui était tout le contraire de moi lui répondit qu'il allait bien évidemment l'aider.

"Ah oui en effet tu es quelques rangs devant moi!" lui dis-je

J'allais me replonger dans mon écriture mais "C'est quoi ton prénom a toi?" demandais-je pour passer le temps en attendant que mon jumeau termine.

"C'est ça." Lui répondis-je en hochant de la tête. Ce n'était finalement pas étonnant qu'elle ne me reconnaisse pas : Elle était non seulement devant moi, mais en plus de ça je n'avais pas ouvert la bouche de la totalité de la séance.

Je jetais un coup d'oeil rapide au serdaigle, qui s'était mis à gratter furieusement son parchemin, comme si il avait peur que la feuille ne lui échappe avant qu'il n'ai le temps de finir sa phrase. Sa phrase, qui d'ailleurs ressemblait plus à un paragraphe. Je devrais probablement attendre qu'il ai fini la totalité de son parchemin, pour avoir les fameuses explications.

Pendant ce temps, voilà que la Poufsouffle se mettait à faire la discussion. Ce n'était pas pour me déplaire, mais je n'étais pas très sûre que mon Anglais soit à la hauteur. Bah, je verrais bien. Au pire, je n'aurais qu'à répéter "Je ne comprends pas" jusqu'à ce qu'elle se lasse.

"Lucine." Lui répondis-je, regrettant un peu de l'avoir dit. Depuis le début de la journée, la quasi totalité des professeurs avaient buté sur mon prénom, l'écorchant royalement. Je n'en attendait pas moins de la part de Nissrine, qui devait avoir les même compétences en Français que le personnel de Poudlard.
Enfin, je ne pouvais pas trop lui en vouloir, c'était humain après tout.

Je me réinstallais plus correctement sur ma chaise, jetant un coup d’œil vers la porte. Le couloir était toujours désert, pas de trace de surveillant à l'horizon.

15 Janvier 2000

Lucine ... Il y avait une consonance étrangère à son prénom, que je trouvait très beau soit dit en passant. Ne parlant couramment que l'arabe et l'anglais je ne me risquait pas à la répéter de peur d'être ridicule et de vexer la jeune fille ; moi même je détestais que l'on écorche mon prénom!

Ali venait de terminer son parchemin et il tourna enfin son visage vers la Serpentard.
"Alors il faut juste que tu fasses un parchemin sur les Selkies, je vais t'expliquer." Et le voilà qui se mit à lui faire un exposé en long en large et en travers sur les Selkies, leurs apparences, leurs manières de vivre, ect.
C'était mon jumeau tout craché, serviable, enjoué, gentil. La copie conforme de la personne que j'étais il a quelque temps.