L'arrivée d'une nouvelle

01/01/1950

Comme tous les ans, l'été venait de se terminer et il était passé à toute vitesse. Julius l'avait passé au bord de l'eau, dans son petit cottage du Sud de l'Angleterre. L'été était le seul moment où il pouvait s'y rendre puisque le reste de l'année, il restait dans ses quartiers à Poudlard. Même pour Noël, il préférait être entouré des quelques élèves qui ne rentraient pas chez eux. Ce n'était pas une obligation pour lui, il aimait l'atmosphère du château à cette période de l'année, encore plus que le reste de l'année. Et puis, il n'avait plus personne. Il était seul au monde.

Il regarda par la fenêtre. Le Soleil n'était plus qu'une fine ligne à l'horizon. Les élèves arriveraient bientôt à Pré-au-Lard. Nous étions le 1er Septembre 2015 et cela annonçait une nouvelle rentrée dans la grande école de Poudlard où Julius était toujours directeur adjoint. Tant que Minerva ainsi que le Ministère de la Magie voudraient de lui, il ne changerait pas de poste. Il aimait ce travail, plus qu'il ne l'aurait cru au début de sa carrière de professeur.

Julius s'étira légèrement. Il était assis à son bureau depuis de longues heures pour préparer la rentrée et avait à présent des courbatures dans tout le dos. Il ferma les yeux longuement et respira à fond avant d'être dérangé par le cri de sa chouette. Il ouvrit un œil et la regarda, amusé.

" Tu es si pressée de porter ma missive, Bubble ? " lui demanda-t-il en sachant pertinemment qu'il n'aurait aucune réponse.

Il soupira mais plia tout de même son parchemin en trois avant de le glisser dans une enveloppe. Il fit couler la cire rouge qu'il faisait chauffé depuis un moment sur le rebat de l'enveloppe et apposa son sceau. Tandis qu'il attendait que ça refroidisse et donc durcisse, il pensa aux moldus qui avaient abandonné cette technique. Même beaucoup de sorciers ne se prenaient plus la tête avec cette habitude. Il devait être l'un des derniers.

" J'espère que tu pourras la trouver rapidement ! " dit Julius tout simplement comme s'il était en pleine discussion avec Bubble. " Nous allons avoir besoin d'elle dès mercredi, je pense ! "

Il se leva de sa chaise et rejoignit sa chouette qui était sur son perchoir. Il accrocha délicatement sa lettre à la patte de Bubble et alla ouvrir une fenêtre de son bureau. En même de temps qu'il n'en faut pour dire Wigardium Leviosa, sa chouette s'était envolée dans le ciel où il n'y avait plus aucune trace du Soleil. Il regarda sa montre, il était vraiment plus tard qu'il ne le pensait.

Il retourna à son bureau rapidement et le rangea. Il devait se dépêcher, il était responsable de la Répartition ce jour-là, Minerva étant encore retenue au Ministère. Il venait à peine de finir de remettre son meuble en état lorsqu'il entendit quelqu'un frapper à la porte. Il leva la tête, plissa les yeux en se demandant qui cela pouvait bien être et déclara d'une voix forte et claire :

" Entrez ! "

J'avais passé la journée la plus désagréable qui puisse exister. J'étais restée cloîtrée chez moi a faire défaire et refaire ma valise sans arrêt, afin de vérifier que tout y était. Vêtements, manuels scolaires et quelques autres affaires personnelles. Pourtant, le pressentiment que cette année allait être des plus horribles persistait. Rien que l'idée de ne plus jamais revoir les pégases des écuries de Beauxbâtons me soulevait le cœur d'une pensée nostalgique. Et dire que j'allais devoir me mélanger à tous ces Anglais, alors que j'avais un accent à couper au couteau ! Je ne maîtrisais même pas parfaitement les verbes irréguliers, ni les temps. J'allais passer encore pour l'idiote de service.

Un bruit derrière moi retentit.

« Lucine, ma chérie… Ça va aller tu sais. Ne fais pas la tête, et tu verras la vie en rose. »

Ma mère. Il manquait plus que ça. Elle ne savait rien de ce que j'allais vivre, et se permet de me donner des leçons ? Surtout qu'elle en était la principale cause… Enfin presque. Il fallait dire que cet idiot de faux-père y était pour environs 90 %. Si il ne l'avait pas quittée, je serais toujours poursuiveuse dans l'équipe des Flèches Du Vent. Maintenant j'allais de nouveau repartir de zéro.

« Qu'est ce que t'en sais. Si ça se trouve, personne voudra me parler. Et encore, je vais arriver après tout le monde. » Lui rétorquais-je.

Ah par ce que oui : Après ces échanges avec le directeur adjoint de l'école, un certain Mr Vickers, elle m'avait expliqué la marche à suivre. Une fois au château, je n'aurais qu'à m'adresser au concierge, une fois les élèves conduits dans les lieux, il m'expliquerait grosso modo le mode de fonctionnement de l'école, et rapidement les lieux, avant de devoir rejoindre le directeur dans son bureau. C'est lui qui m'expliquerait tous les détails subtiles à savoir avant de me livrer à la jungle horrible de ce que pouvait être cette école.

Et maintenant, j'étais devant. La gargouille avait pivoté sur le mot de passe donné par le concierge, et je n'avais plus qu'à gravir les marches pour aller frapper à la porte.

" Entrez ! " Retentit une voix forte et grave, ce qui me mis légèrement mal à l'aise.

Timidement, je poussais la porte, d'abord juste assez pour y glisser la tête, puis finalement mon corps tout entier. L'homme qui était à l'intérieur était particulièrement âgé, noir avec des cheveux blanc qui lui donnait l'air particulièrement sage.

Il valait mieux ne pas rester muette et expliquer tout de suite pourquoi elle était seule, et surtout dans le bureau du directeur adjoint dès le début de la rentrée.

« Bonjour, je suis Lucine Bonival. Je viens d'arriver en Angleterre, avant j'étais à l'école de Beauxbâton, en France. On a dû vous parler de moi, normalement... » Dis-je dans un Anglais un peu approximatif.

Le bureau était très spacieux, et la place ne manquait pas, mais je préférais rester près de la porte. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je n'osais pas m'avancer.

01/01/1950

Lorsque la porte de son bureau s'ouvrit, il aperçut une jolie jeune fille. Julius avait toujours eu une bonne mémoire des visages et des noms mais cette petite brune, il ne l'avait jamais vu dans le château ce qui signifiait obligatoirement qu'elle n'était pas à Poudlard les années précédentes. Pourtant, elle ne semblait pas être âgée de 11 ans comme les première année et à cette heure-là, si elle était dans cette classe, elle ne serait pas déjà dans son bureau.

Puis l'information revint enfin à la surface de son vieux cerveau. c'était la petite nouvelle, Lucine Bonival. Une française qui arrivait en plein milieu de sa scolarité. Pauvre enfant ! Cela ne devait pas être facile pour elle de se déraciner ainsi et d'arriver dans un pays complètement différent de son pays natal. Il lui fit un sourire bienvaillant sachant malgré tout que cela ne changerait rien mais il ne pouvait rien faire de plus. Il n'allait tout de même pas ensorceler un ou plusieurs élèves de son école pour qu'ils deviennent immédiatement ses amis.

Lucine commença à lui expliquer à toute vitesse la situation, avec un joli accent français chantant. Lorsqu'elle termina sa phrase, Julius contourna son énorme bureau en bois et rejoignit à grandes enjambées la nouvelle, un sourire chaleureux accroché aux lèvres.

" Bien entendu, j'ai entendu parler de vous ! " lui confirma-t-il en s'arrêtant devant elle. " Je suis très content de vous accueillir parmi nous. Bien sûr, le château va vous changer grandement de Beauxbâtons mais je ne m'en fais pas pour vous. Vous arriverez à vous intégrer ! "

Il savait que dire ce genre de chose à une adolescente de quatorze ans n'était sans doute pas la chose à faire puisqu'elle ne le croirait jamais. Elle devait penser que sa vie s'effondrait complètement autour d'elle. Et d'un côté, c'était la réalité mais ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'un jour, elle remonterait la pente jusqu'à considérer Poudlard comme une deuxième maison. Julius rit légèrement avant de s'exclamer :

" Je ne me suis même pas présenté ! Désolé, je suis Julius Vickers, le directeur adjoint de ce vieux château mais vous devez déjà le savoir, je pense. "

Il s'approcha de Lucine et posa doucement une main sur son dos pour l'encourager à entrer un peu plus dans la pièce.

" Venez vous asseoir à mon bureau, nous allons un peu parler de votre rentrée ici ainsi que de l'année qui vous attend ! " dit-il.

Alors que j'avais débité ma phrase à toute vitesse, l'homme c'était levé et était venu jusqu'à moi. Bien qu'il affichait un large sourire, je n'étais pas spécialement sûre d'être à ma place. Je me demandais si je n'avais pas fait une bêtise, ou si nous n'avions pas raté une subtilité dans la lettre qui aurait stipulé que je n'aurais en réalité jamais dû être là… Non. Quand même.

Ce ne fut qu'une fois arrêté devant moi qu'il parla enfin. Et heureusement non, je ne m'étais pas trompée, et j'étais bien à l'heure, au bon endroit. Il y avait juste eu un petit oubli de leur part… Je ne pu m'empêcher de penser en serrant les dents qu'ils auraient pu utiliser un rappeltout. C'était peut être un peu sec de penser ça de ce ton, mais je ne pu m'en empêcher, c'était plus fort que moi.
Et étrangement, c'était plus ou moins le même discours que ma mère m'avait fait face à mon désespoir qu'il était en train de me ressortir. « Vous arriverez à vous intégrer » « Je me fais pas de souci pour vous »… Et encore, je n'étais pas sûre de la traduction exacte. Heureusement que je comprenait mieux l'anglais que je ne le parlais.

C'était sûrement pour ça d'ailleurs que je préférais me taire et l'écouter pour l'instant. De toute manière, je n'avais rien à dire. Et si ça avait été le cas, ça n'aurait été certainement que des reproches. À Beauxbâtons, le château était déjà beaucoup plus propre et lumineux. Ici, il y avait de la poussière sur chaque armure, et même sur les portraits ! La directrice, elle, ne l'aurait pas permis.
Je jetais un coup d’œil rapide aux tableaux qui ornaient la pièce. La plupart des personnes étaient hors de leur cadres, à l’exception de deux où trois qui étaient assoupis. Je n’eus pas le temps de vérifier si le célèbre Dumbledore y étais, car Monsieur Vickers posa une main sur mon épaule pour m'entraîner près du bureau, ce qui eu dont de me faire sursauter.

Je ne me fis pas prier, et suivit le directeur adjoint, m'asseyant sur la chaise qu'il me présentait.

« Merci. » Lui dis-je simplement, pour son accueil qui s’efforçait d'être le plus chaleureux possible.

De la réelle compassion, ou simplement par pure politesse ? Je ne devais certainement pas être la première à qui une telle chose arrivait, alors la compassion… Je n'y croyais pas trop.

Toujours sans rien dire, je contemplais le bureau, presque rangé du directeur. Il restait bien quelques papiers par ci par là, mais je supposais que j'avais dû le surprendre avant l'important banquet de rentrée. À moins que Poudlard n'en aie pas ?

Lorsque je relevais enfin la tête, je balbutiais quelques mots d'excuses. Je lui devais quand même bien ça.

« Je suis désolée, mon Anglais n'est pas parfait. Je vais essayer d'apprendre un peu plus durant l'année.» Bien sûr je ne croyais pas grand-chose de ce que je venais de lui dire. C'était juste histoire de faire bonne figure. Car à vrai dire, j'avais pas vraiment envie de faire le moindre effort. Et pourtant, il le fallait, si je voulais m'intégrer ici…

Je me tus de nouveau, afin d'écouter les explications qu'allaient me fournir Monsieur Vickers.

01/01/1950

Julius regarda la jeune fille s'asseoir sur la chaise qui se trouvait devant son bureau et fit le tour de celui-ci pour aller s'installer à sa place. Il avait toujours aimé son fauteuil. Bien avant de se trouver dans ce bureau, il avait étédans son bureau au Ministère lorsqu'il était Conseiller du Premier Ministre et avait ensuite atterri dans le bureau de son petit cottage en bord de mer. Il n'était donc plus de la première jeunesse mais finalement, avec Julius, ce siège formait une bonne paire de vieux.

Il sourit encore une fois, appuya ses avant-bras sur sur son bureau et croisa les doigts. Il souda Lucine un petit instant, juste le temps qu'elle ne lui dise qu'elle ferait appel à toute sa bonne volonté pour apprendre l'Anglais. Ceci l'amusa très légèrement. Il sentait que malgré ce qu'elle lui disait, si on lui avait demanda son avis, elle ne serait pas devant lui, dans ce bureau, dans ce château, ni même dans ce pays. Julius avait l'impression que chacune des cellules de la jeune fille lui criait qu'elle voulait se transplaner à Beauxbâtons.

" Je ne m'inquiète pas réellement pour votre Anglais ou pour vos éventuelles fautes de grammaire. Tout au long des mois ici, votre Anglais s'améliorera sans que vous vous en rendiez compte... " commença-t-il sérieusement, voulant lui montrer son intérêt. " Je suis plus inquiet par votre bien-être ! " finit-il par lui expliquer.

Avant tout, Julius était un Poufsouffle dans l'âme. Si les Serpentards étaient rusés, les Gryffondors courageux et les Serdaigles intelligents, les Poufsouffles étaient selon lui, les plus humains. Les jaune et noir étaient des personnes prêtes à aider son prochain. Il se trompait peut-être mais lorsqu'il était ici, en tant qu'élève s'était comme ça que les Poufsouffles étaient perçus, récoltant par la même occasion quelques réflexions. Malheureusement, ses années à Poudlard dataient de plusieurs décennies à présent et les choses avaient sans doute évolué.

Etant un Poufsouffle, il aimait parler aux gens, les aider, les conseiller, les rassurer... Il aimait les gens tout simplement. Alors voir cette petite comme ça, ne lui plaisait guère même s'il savait que cela était tout à fait normal.

" Je ne vais pas vous dire que j'attends de vous que vous ayez les notes maximales dans toutes les matières, mais plutôt de profiter de votre année à Poudlard. "

Il ne voulait surtout pas que Lucine se renferme sur elle-même à son arrivée ici. Sa situation n'était pas habituelle mais ce n'était pas la première à qui cela arrivait et les précédents français expatriés en Angleterre s'en étaient tous très bien sortis.

Aussi étrange que cela paraissait, la chaise sur laquelle je m'étais assise sous les indications du directeur n'était pas si inconfortable qu'elle en avait l'air. Avait-elle été ensorcelée, ou les meubles d'un style ancien étaient aussi agréables ?

Monsieur Vickers s'était assis de l'autre côté, les mains croisées et le regard aussi perçant que si j'avais été une journaliste venue raconter la totalité des casseroles qu'avaient pu traîner la célèbre école de sorcellerie jusqu'ici. Peut être avait-il été le cas plus souvent que ce que l'on ne le penserait ?

" Je suis plus inquiet par votre bien-être ! " Finit-il par dire, comme ci ça paraissait l'évidence même. Comme ci, sortit de cette salle, mon ventre allait se dénouer, et entourée de pleins de nouveaux amis issus de tout horizon, allaient me faire oublier mon histoire. Quelle ironie.

Je baissais le regard, non pas pour éviter le siens, mais juste pour me retenir de pleurer, et de faire monter la colère plus qu'elle ne l'était déjà. Je savais que comme les enfants, la colère peut laisser quelques traces de magie indésirable, si on avait du mal à la canaliser.

Le vieil homme continua à parler, certainement en me fixant, alors que j'avais toujours le regard baissé.

" Je ne vais pas vous dire que j'attends de vous que vous ayez les notes maximales dans toutes les matières, mais plutôt de profiter de votre année à Poudlard. "

« C'est facile à dire... » marmonnais-je le coupant presque, avant de m’apercevoir de mon erreur.

À force d'avoir répondu n'importe comment à ma mère, voilà que je renouvelais toutes ces erreurs les unes après les autres… Devant le directeur adjoint ! *Quelle sombre idiote* pensais-je pour moi même. Je serais renvoyée d'ici peu, et je n'aurais plus qu'à trouver moi aussi un travail de moldu.

Je relevais le regard, plutôt effrayée, regardant Julius, me ratatinant un peu sur moi même, ne faisant pas fière allure.

« Je suis désolée… Je ne voulais pas dire ça ! » Me confondis-je en excuses, attendant que la sentence tombe.

01/01/1950

Julius avait vraiment du mal à cerner la jeune Lucine qui se trouvait devant lui. Il aurait pu lire dans ses pensées aussi facilement que s'il lisait la Gazette du Sorcier les matins mais il se refusait d'utiliser ce pouvoir sur ses élèves à moins que la vie de quelqu'un soit en jeu. Heureusement pour lui, ce n'était pas le cas ce soir-là. Par contre, il restait un peu impuissant face à elle. Impuissant parce qu'elle ne semblait pas vouloir être aidée.

On ne peut pas sauver quelqu'un contre son gré. Julius le savait que trop bien. Pendant la seconde guerre contre Vous-Savez-Qui, il avait connu un jeune père de famille qui avait choisi le camp des Mangemorts pensant qu'ainsi sa famille et principalement, ses jeunes enfants seraient en sécurité. Julius avait tenté à plusieurs reprises de l'aider mais rien n'y faisait, le jeune homme pensait faire ce qu'il fallait pour protéger les siens. Malheureusement, du côté du Mal, il n'y a aucune loyauté, aucun sentiment. Ses deux fils avaient été torturés par l'un des sbires de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom et l'un d'eux avait été tué.

Bien entendu, la situation présente n'était pas aussi tragique mais le résultat restait le même. Lucine ne souhaitait pas être là et encore moins écouter le discours d'un vieux bonhomme comme lui qui, pour elle, ne connaissait rien de la vie en dehors de ses cours. Elle ne voulait tellement pas être aidée par Julius qu'elle en venait presque à être insolente. Chose que le directeur adjoint ne tolérait pas. Il comprenait l'état d'esprit de Lucine mais cela n'expliquait pas le ton qu'elle utilisait avec lui. Mais elle sut s'excuser rapidement ce qui montrait au vieux professeur qu'elle n'avait pas un mauvais fond !

« C'est facile à dire parce que c'est vrai ! » répondit-il sans faire cas du reste.

Il aurait voulu lui signifier qu'il fallait qu'elle fasse attention à ce qu'elle disait mais il ne pensait pas que cela soit très positif dans cette histoire. Elle n'avait pas besoin qu'on lui fasse la morale ce soir.

« Vous savez les Anglais ne sont peut-être pas aussi démonstratifs que vous, les Français mais ils savent être très amicaux. » lui apprit-il, défendant presque sa patrie.

Et encore, il revoyait encore ces jeunes Londoniennes qu'il avait vues la dernière fois qu'il s'était rendu au Ministère de la Magie pour faire un petit coucou à ses anciens collègues. Elles attendaient un groupe de musique moldu et elles étaient très démonstratives !!

« De plus, vous pouvez garder contact avec vos amis restés à Beauxbâtons par hibou ! Vous savez, nous autorisons à nos élèves de recevoir des courriers ! » plaisanta-t-il pour détendre un peu l'atmosphère lourde qui régnait dans son bureau ce qui était assez inhabituel.

« C'est facile à dire parce que c'est vrai ! »

Le directeur adjoint avait répondu du tac au tac. Sans ciller. Bien que je fus soulagée d'écoper d'une sanction dès le premier jours de la rentrée, je ne pu m'empêcher de laisser cette phrase résonner dans mon cerveau, rebondissant dans chaque coin de mon être avant de dénouer progressivement le noeud qui était apparu dans mon ventre. « Par ce que c'est vrai. » Est ce que lui aussi, avait-il été déraciné à un moment clef de sa vie comme je venais de l'être ? Avait-il ressentit toutes ses désagréables émotions qui envahissaient tout mon être sans me laisser choir de mes propres sentiments et réactions ?

« Par ce que c'est vrai. » Cette année allait pouvoir me démontrer que j'avais tord de bout en bout ? Par ce que je pourrais oublier Beauxbâtons, comme eux m'avaient déjà oubliée ?

N'écoutant plus qu'à moitié ce que me disais monsieur Vickers, j'avais plus qu'intérêt, soit à sortir le plus rapidement de ce bureau, soit de me montrer un peu plus coopérative pour que ça se passe au mieux, et pour lui, et pour moi. Comme je n'avais ni l'envie, et encore moins le courage d'aller rejoindre la jungle d'élèves qui régnait hors de ce bureau, je préférais faire bonne figure. Rien qu'un moment.

Je relevais alors la tête, souriant un peu à cet homme.

"J'ai déjà essayé. Le souci, c'est qu'ils ne me répondent pas." Lui appris-je, sans pour autant pousser le vice dans ses détails, car c'était douloureux pour moi de le dire, et ça ne devait certainement pas l’intéresser, les déboires d'une adolescente en mal de son pays.

"Enfin, de toute manière, je me ferais bien des amis ici ! " Lui dis-je avec un affreux rictus au coin de la lèvre en guise de sourire, sans trop y croire moi même.

"Je m'excuse de mon comportement." Rajoutais-je tête basse à la fin de ma phrase. Je savais que l'on ne s’excusait pas sois même, mais je ne savais pas comment formuler ma phrase autrement. car si nous étions ici, ce n'était pas pour parler de mon cas, mais plus de la façon dont allait se dérouler l'année.

01/01/1950

Le directeur adjoint observa encore une fois Lucine Bonival. Elle semblait si triste lorsqu'elle parlait de ses amis de Beauxbâtons et avec ce qu'elle lui dit, Julius comprit très vite où se trouvait le problème. Lucine avait peur de les perdre tous et c'était tout à fait compréhensible. Lucine revivait un peu la séparation que tous les première année subissait. Ils passaient leur scolarité dans les écoles moldues pour la majorité d'entre eux, se faisaient des amis et au final, ils devaient tous les abandonner en leur mentant sur l'endroit où ils allaient, n'ayant ainsi plus de nouvelles ou si peu.

Le problème, ici, pour la Française, c'est que ses amis savaient où elle allait, ils savaient sa condition de sorcière puisqu'eux-mêmes l'étaient, ils connaissaient sans doute les problèmes familiaux de Lucine et malgré cela, ils ne lui écrivaient pas. Tout ça en plus du fait d'arrivée dans une école totalement inconnue, avec une nouvelle langue, de nouvelles coutumes et de nouvelles façons de travailler, il était normal qu'elle soit à cran et ne lui réponde pas forcément comme il le fallait. Elle s'excusa même de son comportement. Elle n'avait vraiment pas un fond mauvais, cela se confirmait pour Julius. Il espérait juste ne pas se tromper.

« Je vais vous dire quelque chose que la longue vie que j'ai vécue m'a appris... Si vous avez tenté de garder le contact et que vos amis ne vous répondent pas, c'est que ce ne sont pas de vrais amis ! » répondit-il sans faire cas du reste.

Il lui sourit, compatissant.

« Je sais que c'est dur de penser à ça mais... Il faut que vous partiez sur de bonnes bases. Avec de nouveaux amis par exemple et j'ai pu voir, sur les parchemins que la directrice m'a envoyé, que pendant les deux derniers mois à Beauxbâtons, vos résultats ont été un peu en baisse. »

Il se rendait compte de ce qu'il venait de dire. Il ne voulait pas mettre la Française mal à l'aise. C'était bien la dernière chose qu'il voulait.

« Vu ce qu'il vous est arrivé, cela n'est pas étonnant, bien entendu ! D'ailleurs, à votre place, je ne suis pas sûr que j'aurai pu me rendre à Poudlard tout seul comme vous l'avez fait ce soir ! »

Il ne voulait pas lui faire des compliments pour faire plaisir à la Française mais parce qu'il le pensait réellement. Il fallait du cran pour rester la tête haute quand sa famille s'envola en fumée.

Tout cela devenait aussi insupportable que réconfortant. Une étrange sensation. Elle venait d'avouer à un parfait inconnu qu'elle n'avait plus personne sur qui compter, et le voilà qui la réconfortait d'une étrange manière.
Mais je le savais, dans le fond, il avait raison. Peut être que ces amis là n'étaient pas des vrais. Dans le sens où, leur vie à eux continuaient, et peut être qu'il se souciaient de mon cas, peut être pas, mais ce n'était pas une raison pour rester muets comme ils l'étaient. Oui, c'était ça. Les vrais amis se compte sur le doigt d'une seule main, et à part sois même, on ne peut probablement compter sur personne. Il fallait que je me montre plus méfiante, à Poudlard. Histoire de ne pas répéter les erreurs du passé.
Du passé... C'était si étrange de dire ça. Comme si tout ce que j'avais vécu était derrière moi, alors que j'avais l'impression que c'était hier. Une torture de le penser.

D'autant plus que Vickers continuait : Le voilà qui parlait de mes résultats désastreux des derniers instants à Beauxbâtons. J'ai dit désastreux ? Pardon : Catastrophiques. J'exagérais à peine. J'étais passée de 15 de moyenne en Sortilège à 10,5, et c'était pire encore pour la divination et la Défense Contre les Forces du Mal. Sans parler de mon club d'escrime, où j'étais descendue dans les derniers rangs...

01/01/1950

Julius regarda quelques secondes par la fenêtre comme si la destinaire de sa missive lui avait déjà répondu - chose impossible puisqu'elle n'avait sûrement pas encore reçu sa lettre. Il soupira, légèrement contrarié par cette histoire mais ce n'était pas le moment de penser à ça, il avait une jeune fille qui appréhendait sa rentrée à Poudlard, assise devant lui.

« Je ne me fais pas de souci pour vous. Vous saurez remonter la pente ! »

Il ne savait pourquoi, il sentait que Lucine Bonival saurait rebondir. Sans soute pas les premières semaines puisque tout allait être nouveaux et tellement étranges pour elle mais dès qu'elle se sera fait deux ou trois amis, dans son année ou dans sa maison, son moral s'en ressentira et son bien-être aussi.

« Bon, parlons de Poudlard et de son fonctionnement... » commença-t-il, un petit sourire en coin. « Poudlard est divisée en quatre maisons différentes. Les élèves entrant ici sont réparties dans ces maisons pour toute leur scolarité selon leur personnalité et leurs qualités. Il y a Gryffondor pour les courageux, Poufsouffle pour les loyaux, Serdaigle et les érudits et pour finir, Serpentard pour les rusés. »

Il s'arrêta là pour laisser un moment à Lucine d'assimiler. Il ne savait pas si elle était au courant ou pas mais dans le doute, il préférait lui expliquer les choses.

» Une nouvelle amie